Le secteur de l’énergie tunisien connaît depuis plusieurs années une baisse structurelle de la production des hydrocarbures conjugué à une croissance continue de la demande d’énergie. Il s’ensuit un déficit énergétique structurel qui a atteint 49% en 2017, 56% en 2020 et 47% en 2021.
Ce déficit va en s’accentuant, si les ressources nationales et la demande énergétique locale continuent avec la même tendance actuelle.
Taux d'indépendance énergétique à fin septembre 2022 contre 53% en 2021
Sur le plan stratégique, le déficit pose un sérieux enjeu de sécurité d’approvisionnement énergétique, surtout que le secteur électrique s’est enfermé dans une dépendance totale au gaz naturel importé auprès d’un fournisseur unique, compte tenu de l’épuisement rapide des gisements nationaux.
Sur le plan économique, le risque de rupture, même très courte de l’approvisionnement en gaz naturel, pourrait se traduite par un coût économique, voire social exorbitant, insupportable par la collectivité qui devrait être pris en compte dans l’évaluation économique des stratégies d’approvisionnement.
Le déficit énergétique se traduit également par une aggravation du déséquilibre de la balance des payements à cause de l’amplification de la facture des importations énergétiques. Ainsi, en 2019, l’énergie a représenté plus de 40% du déficit global de la balance commerciale, avec tout ce que cela implique en termes de réserve de devises et de dégradation du taux de change du dinar.
L’autre enjeux économique est lié à la pression qu’exerce le secteur de l’énergie sur les finances publiques à travers les subventions aux produits énergétiques dont la valeur fluctue avec la volatilité des prix internationaux de l’énergie. En 2019, la part de la subvention à l’énergie a représenté environ 50% de l’ensemble des dépenses de la caisse de compensation, contre 55% en 2018.
Sur le plan social, même si l’énergie reste subventionnée pour la catégorie des ménages les plus pauvres, la précarité énergétique s’amplifie en Tunisie et accentue la vulnérabilité d’une population de plus en plus élargie à cause de la dégradation générale de la situation économique.
Sur le plan climatique, avec une part de plus de 60% dans les émissions de gaz à effet de serre, le secteur de l’énergie constitue un enjeu important dans la politique climatique du pays qui s’est engagé, dans la cadre de la ratification de l’Accord de Paris, à contribuer à l’effort planétaire d’atténuation.
Afin de relever ces défis, la Tunisie s’est engagée dans une politique volontariste de transition énergétique bas carbone et a toujours annoncé des objectifs ambitieux en termes d’efficacité énergétique et d’énergie renouvelable, soit :
la consommation d’énergie primaire de 30% à l’horizon 2030, par rapport au scénario tendanciel.
une part des énergies renouvelables dans le mix électrique de 35% en 2030 et 80% en 2050.
l’intensité carbone de l’économie tunisienne de 45% en 2030 par rapport à 2010.
Cette politique repose sur quatre axes principaux :
En savoir plus sur le Fonds National de Maîtrise de l’Energie (FNME : 2005-2013) et le Fonds de transition énergétique (FTE : depuis 2014).