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Réduction de l’intensité carbone : Les enjeux du secteur du bâtiment en Tunisie

Le bâtiment constitue le premier secteur consommateur de l’énergie finale en Tunisie en 2021, avec 36%, devançant les secteurs du transport (32%) , de l’industrie (26%) et de l’agriculture (6%).

Dans un entretien avec l’Agence TAP, Souheil KSOURI, sous-directeur à l’ANME note que l’électricité représente plus que 40% de la consommation du secteur du bâtiment, rappelant que la Tunisie souffre depuis les années 2000 d’un déficit énergétique estimé, en 2022, à près de 4,8 Mtep et d’un taux d’indépendance de 50% selon les données de l’Observatoire National de l’Energie.

En même temps, le pays s’est engagé sur un objectif de réduire l’intensité carbone de 45% en 2030, par rapport à l’année de référence 2010, près de 3/4 de cet engagement sera généré par les programmes de la transition énergétique, la réduction de la consommation de l’énergie primaire et augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix électrique d’ici 2030, a-t-il noté.

Il convient de rappeler que l’objectif national de réduction de la demande d’énergie primaire repose sur le secteur du bâtiment avec 56% de cet objectif d’ici 2030.

La maîtrise de l’énergie dans le secteur du bâtiment repose sur quatre éléments importants: l’efficacité énergétique passive pour améliorer l’enveloppe thermique du bâtiment, l’efficacité énergétique active pour la mise en place d’actions économes en énergie, l’intégration des énergies renouvelables (Solaire thermique, solaire photovoltaïque) et le changement du comportement des utilisateurs de l’énergie au niveau des bâtiments.

Une des mesures clés pour améliorer l’efficacité énergétique dans un bâtiment consiste à mettre en place un système de suivi énergétique à l’aide d’équipements de mesure, également connu sous le nom de système de gestion de l’énergie.

Le système de gestion de l’énergie dans les bâtiments figure comme une solution permettant de réduire la consommation de l’énergie en luttant contre les consommations excessives et les gaspillages énergétiques.

“C’est un équipement qui permet d’économiser de l’énergie, à travers le suivi de la consommation de l’énergie dans les bâtiments ce qui permet la supervision de la bonne exploitation et d’automatiser le fonctionnement des équipements énergétiques, dans certain cas. Ceci contribue à prendre des mesures directes pour lutter contre le gaspillage énergétique et à changer, en conséquence, les comportements chez les utilisateurs de l’énergie”, a précisé l’expert.

Le système de gestion de l’énergie couvre les différents domaines d’applications et les postes de consommation : électricité, gaz naturel, chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, eau chaude sanitaire, électricité, énergies renouvelables.

L’importance de la gestion de l’énergie réside particulièrement dans un diagnostic en temps réel, le développement des indicateurs énergétiques. Elle constitue un outil pour suivre, superviser, gérer les différentes installations énergétiques et les piloter.

Selon les témoignages des différents intervenants dans le cadre d’un webinaire, organisé par l’ANME dans le cadre de ses activités de sensibilisation, la mise en place d’un système de Gestion de l’énergie dans leurs établissements a permis d’atteindre entre 20 à 40% selon la nature de l’activité de l’établissement.

Cette action, considérée comme action générique par l’ANME, ne nécessitant pas un audit énergétique, est appuyée par le Fonds de transition énergétique à hauteur de 40% de l’investissement avec un plafond de 100.000 DT.

D’autre part, plusieurs programmes sont mis en place pour appuyer l’efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment tels que les programmes institutionnels de l’audit énergétique des bâtiments existants et l’audit énergétique sur plan. Ils sont associés à des mesures réglementaires comme la réglementation thermique des bâtiments et la certification énergétique des équipements électroménagers.

Les audits énergétiques sont réalisés par des experts auditeurs agréés par l’ANME dans le secteur du bâtiment. Ceci consiste à réaliser un inventaire des équipements et un diagnostic de la consommation d’énergie dans le bâtiment, évaluer le niveau de performance énergétique du bâtiment, analyser les causes des dérives de consommation d’énergie, identifier les potentiels d’économie de l’énergie et proposer un plan d’action pour la réduction de la consommation d’énergie. L’audit énergétique et les actions d’économies de l’énergie sont soutenues par le Fonds de Transition Energétique à travers des primes allant de 20 à 70% selon l’action.

L’ANME a, également, mis en place des programmes nationaux dans le secteur du bâtiment qui visent à réduire la consommation énergétique. Il s’agit particulièrement de:

PROMOLED, qui prévoit la substitution de 4 millions de lampes à incandescentes par des lampes de hautes performances, ce qui permettrait des économies 160 GWh/an, la maîtrise de l’énergie dans les mosquées à travers la mise en place d’actions d’économies d’énergie (substitution des lampes par d’autres à hautes performances, mise en place de systèmes de gestion de l’énergie) et des installations photovoltaïques dans 147 mosquées de la ville de Tozeur. Une deuxième partie de ce programme permettra de généraliser ces projets sur toutes les mosquées en Tunisie.

Ce programme porte également sur la rénovation du système d’éclairage public avec au programme le remplacement de 4600 points lumineux d’éclairage publics par d’autres de haut rendement.

Pour Souheil Ksouri par le Fonds de transition énergétique joue un rôle important dans ce domaine. Ce fonds vise à stimuler les investissements dans les domaines de l’utilisation rationnelle de l’énergie et des énergies renouvelables en offrant des solutions de financement diversifiées et intégrées et une utilisation optimale de ses ressources, afin d’exploiter davantage les potentiels disponibles pour les économies d’énergie et de rationaliser la subvention de l’Etat au profit des produits énergétiques.

Le fonds permet d’assurer des subventions pour toute action de maîtrise d’énergie au profit des entreprises, ménages ou collectivités locales, sous forme d’aides financières directes, des crédits, des primes pour les aider à réduire leur consommation et leur empreinte énergétique.