La Tunisie, qui vient de réviser son ambition quant à la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité à 35% au lieu de 30% en 2030, envisage de mobiliser un investissement annuel de 900 millions de dinars (MDT) pour booster les projets énergétiques prévus dans ce cadre.
De nouveaux appels d’offres de production d’électricité à partir des énergies renouvelables seront lancés dans quelques semaines, a annoncé la ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines, Neila Nouira Gongi, qui estime que la réalisation de l’objectif de 35% dans 8 ans est “très possible”, bien que le pays dépende encore fortement de l’énergie fossile importée et n’est actuellement qu’à 3,7% d’ER dans le mix énergétique national.
Concrètement, “la Tunisie projette de mettre en place une capacité supplémentaire de 4 300 mégawatt d’ER d’ici 2030, soit une capacité annuelle de 500 Mw sur une période de 8 ans, a déclaré la ministre citée par l’agence TAP.
“Cet investissement permettra d’améliorer un taux de croissance du PIB de 1%, annuellement”, a-t-elle ajouté
Face à un déficit énergétique qui ne cesse de s’aggraver, qui est passé de 10% en 2010 à 48% en 2021, avec un pic de 59% en 2019, “opter pour les énergies renouvelables n’est plus un choix aujourd’hui mais une obligation”, selon Neila Nouira Gongi.
Elle a rappelé, dans ce contexte, que les importations de produits énergétiques représentent plus de 58% des dépenses de développement, 13% de ressources propres de l’Etat et 3,7% du total du PIB du pays.
Elle plaide, à cet effet, pour “une approche globale basée sur un équilibre entre la consommation, la production et l’importation de l’énergie”, appelant toutes les parties concernées “à œuvrer pour l’accélération de la transition énergétique qui n’aura pas lieu sans le développement de programmes efficients d’énergie renouvelable, d’efficacité énergétique et de mobilité électrique”.
Refonte du cadre réglementaire
Pour aller de l’avant dans son ambition énergétique, la Tunisie envisage de mettre à jour le cadre réglementaire et juridique régissant la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, afin qu’il touche d’autres ressources à l’instar de l’hydrogène vert et qu’il soit adapté aux progrès à l’échelle mondiale dans le domaines de l’énergie propre.
D’après la ministre de l’Energie, les nouvelles sources d’énergie propre sont des niches porteuses de production, d’emploi, d’investissement et de développement durable et partant de croissance.
“C’est le temps ou jamais pour que la Tunisie se positionne comme un pays exportateur d’engrais vert, étant donné qu’il est déjà un producteur confirmé de phosphates”, a encore fait remarquer Gongi, relevant que le département de l’énergie se penche actuellement sur la révision du code des hydrocarbures et envisage d’amender le code minier.
Côté Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME), son directeur général, Fethi Hanchi, affirme que la Tunisie dispose de grands atouts dans le domaine de mobilité électrique.
“Le pays peut profiter pleinement de l’expansion de cette filière et devenir un pays producteur d’automobiles électriques, d’autant plus que cette technologie est facile à maîtriser”, a-t-il dit, relevant qu’alors qu’une voiture thermique nécessite 1 400 composantes, une voiture électrique n’en a besoin que de 200.
L’ANME a entamé des démarches, selon Hanchi, pour la mise en place d’un réseau de bornes de recharge électrique dans les grandes surfaces (supermarchés…), dans le cadre des préparatifs pour le développement d’un marché automobile électrique en Tunisie.